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13 février 2007

Commentaires

Jacq

Modernité ou bien danger pour la démocratie?

Les machines du fabriquant NEDAP (choisi par Boulogne-Billancourt) ont connu des déboires:
* au Pays-Bas, l'association néerlandaise "Wij vertrouwen stemcomputers niet" (nous ne faisons pas confiance aux machines de vote) a fait la démonstration le 5 octobre 2006 sur la chaîne de télévision hollandaise Nederland 1 du piratage d'une machine ESD3B de la marque Nedap (proche du modèle français). Le remplacement du programme de contrôle n'a duré que 5 minutes et serait indétectable pour les électeurs ou les responsables du bureau de vote.(http://www.wijvertrouwenstemcomputersniet.nl/images/9/91/Es3b-en.pdf). Suite au scandale une commission a été mise en place.

* L'Irlande a acheté 7500 machines à voter NEDAP en 2003...elle n'ont jamais été utilisées à cause de considérations de sécurité (voir le rapport de la commission irlandaise :http://www.cev.ie/htm/report/download_second.htm)

* L'Allemagne, enfin s'interroge sur la constitutionnalité du vote électronique. En effet le vote n'est plus public puisque l'enregistrement des voix et le décompte ne sont plus visibles. Tout se passe dans la machine, autant dire une boîte noire. L'électeur n'a aucun moyen de vérifier que sa voix a été enregistrée sans modification ! Plus de contrôle public !

Nos élus ont-ils bien peser leur décision?
En tous cas ils risquent bien d'affronter le mécontentement des boulonais quand ils auront compris ce qu'on leur impose.

Stéphane Bayle

Avant toute chose je tiens à préciser que je suis habituellement technophile, mais avec cette histoire de vote électronique à Boulogne, où j'habite, je dis STOP.

Soupçons sur le vote électronique
LE MONDE | 19.03.07 | 15h12 • Mis à jour le 19.03.07 | 17h16
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Le 22 avril, un à deux millions de Français ne trouveront dans leur bureau de vote ni bulletins ni enveloppes. Pour exprimer leur voix, ils presseront deux touches - la première pour choisir un candidat, la seconde pour confirmer leur choix. Pour la première fois en France, lors d'une élection présidentielle, ces citoyens utiliseront des ordinateurs de vote. Un peu plus d'un millier de terminaux sont aujourd'hui installés dans une cinquantaine de communes, mais leur déploiement ne va pas sans polémique.


Une pétition contre les "ordinateurs de vote"

Le site Ordinateurs-de-vote revendique plus de 8 000 signatures pour sa pétition "pour le maintien du vote papier". Lancé par des "citoyens et informaticiens", le texte, qui se signe en ligne ou sur papier, dénonce le "déclin silencieux du contrôle démocratique". Le collectif invite les signataires à se porter volontaires pour le dépouillement des bulletins les jours de scrutin.
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Depuis le début de l'année, plusieurs personnalités et partis politiques s'interrogent sur les risques inhérents à ces systèmes. "Des machines à voter basées sur des matériels informatiques sont aujourd'hui en cours d'installation (...) en France, sans qu'un débat public ait eu lieu sur le bien-fondé de cette technicisation du vote et les éventuels risques de fraude et de manipulation", déclarent ainsi les Verts dans une motion adoptée début février. Le Parti communiste est sur la même ligne. Selon Patrick Bloche, député (PS) de Paris, "un sentiment de méfiance domine largement au Parti socialiste" vis-à-vis d'appareils "qui semblent bien moins transparents que les urnes en Plexiglas".

"Les machines à voter sont accessibles aux malvoyants, permettent un dépouillement immédiat, sans gâchis de papier, sans besoin de table de dépouillement, de scrutateurs, etc., plaide pour sa part Hervé Palisson, directeur de France-Election, importateur en France des machines à voter néerlandaises Nedap. Il faut savoir que, faute de volontaires, ce sont des employés municipaux payés en heures supplémentaires qui procèdent au dépouillement dans certaines communes."

Cette dématérialisation du suffrage est pour certains un risque intolérable. "Le système de vote actuel a été conçu pour que quiconque, même le plus ignorant, puisse se forger l'intime conviction que le vote s'est déroulé honnêtement, dit Roberto Di Cosmo, chercheur au laboratoire Preuves, programmes et systèmes (CNRS, université Paris-VII). Lorsque le vote se fait par voie électronique, est-il possible de se forger, seul, la même conviction ? La réponse est non : il faut recourir à l'expert, à l'argument d'autorité."

L'impossibilité de vérifier l'intégrité du vote inquiète bien au-delà de quelques universitaires ou personnalités politiques. La principale société savante d'informaticiens, l'Association for Computing Machinery (ACM), a récemment pris une position de consensus appelant à ce que tout système de vote électronique soit doublé d'un dispositif d'impression d'un bulletin contrôlé de visu par l'électeur. Ces bulletins papier pourraient être stockés dans une urne classique, autorisant ainsi un recomptage ultérieur des suffrages. Cette précaution ne figure pas dans le règlement technique émis en novembre 2003 par le ministère de l'intérieur (il faut préciser que, dans le vote traditionnel, les bulletins papier ne sont pas conservés mais détruits le soir même après la proclamation des résultats dans chaque bureau, à l'exception des blancs et nuls qui sont annexés au procès-verbal). Les trois modèles d'ordinateur à voter homologués en France - construits par Nedap, l'espagnol Indra Sistemas et l'américain ES&S - sont donc dépourvus d'un tel dispositif de contrôle.

D'autres reproches sont formulés. "Le règlement technique du ministère admet que le programme utilisé dans les machines à voter soit secret, c'est-à-dire que le code-source ne soit pas rendu public, dit ainsi Chantal Enguehard, maître de conférence en informatique à l'université de Nantes. Il est donc impossible aux simples citoyens de l'examiner : la protection du secret industriel a été jugée plus importante que la transparence de la procédure de vote." Par la voix de son directeur, France-Election fait cependant savoir que le code-source n'est pas rendu public pour des raisons de sécurité, mais qu'il a pu être ausculté par des organismes de contrôle comme le Bureau Veritas.

A l'automne 2006, un groupe d'informaticiens néerlandais a fait l'acquisition de machines Nedap pour en évaluer l'intégrité. "Ces informaticiens ont démonté une machine, ont constaté qu'ils pouvaient en changer le logiciel et l'ont reprogrammée pour jouer aux échecs", explique M. Di Cosmo. Surtout, ils affirment être parvenus à capter les radiofréquences émises par la machine à une distance de 25 mètres environ et être ainsi à même de savoir si le nom affiché sur l'écran à cristaux liquides de l'appareil - le nom du candidat pour lequel le vote a été enregistré - comporte ou non des caractères accentués. "Ce qu'ils ont fait, c'est simplement de vérifier que la machine fait bien ce qu'on lui demande", tempère M. Palisson. Quant à la possibilité de surveiller à distance le fonctionnement de la machine, "l'expérience a été faite sur un ancien modèle qui n'est plus en service et, de toute façon, il serait possible de mettre en oeuvre le même type de surveillance avec le vote classique, au moyen de caméras installées dans les isoloirs", réplique le directeur de France-Election, qui fait valoir qu'aucun dysfonctionnement des appareils Nedap n'a été rapporté.

"NEUTRALISER UN CANDIDAT"

L'exercice auquel se sont essayés les informaticiens néerlandais n'est pas isolé. En octobre 2006, quatre chercheurs du département d'informatique et d'ingénierie de l'université du Connecticut sont par exemple parvenus à reprogrammer un terminal de vote Diebold, l'un des constructeurs les mieux implantés aux Etats-Unis. "Une attaque de base peut neutraliser entièrement un candidat, échanger les voix apportées à deux candidats ou biaiser les résultats en reportant sur un candidat les votes apportés à un autre, écrivent les auteurs dans le compte rendu de leurs travaux. La corruption du système peut rester dormante jusqu'au jour de l'élection, ce qui rend impossible sa détection par le biais de tests préélectoraux." Sans que des fraudes avérées aient été mises au jour, plusieurs cas de défaillances de systèmes de vote électronique ont été documentés ces dernières années, surtout aux Etats-Unis, mais aussi en Europe.

Un exemple fameux est l'incident de Schaerbeek (Belgique), le 18 mai 2003. Le décompte des voix exprimées avait excédé de plus de 4 000 le nombre d'inscrits dans la circonscription. Incapable d'en élucider la cause, le collège d'experts mandaté par les autorités fédérales belges a conclu que "l'erreur (avait) très probablement été occasionnée par une inversion spontanée et aléatoire d'une position binaire". C'est-à-dire, en somme, qu'un bit informatique de l'ordinateur de vote a pris "spontanément" la valeur 1 au lieu de la valeur 0. "Ce phénomène, ajoutaient les experts, est abondamment décrit dans la littérature spécialisée." Il ne l'est pas dans le code électoral.

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